Dans la graine se trouve un projet, dans l’homme aussi. Lorsque les conditions sont favorables, la graine devient plante. Lorsque les conditions sont favorables, le projet dans l’homme transparaît et révèle quelques-unes de ces facettes. De là à s’épanouir pleinement comme la plante, comme l’arbre ? Ne rêvons pas ! Lorsque les conditions sont favorables…
 
Nous sommes ce que notre environnement nous permet de devenir. Et notre environnement, c’est nous (tous ensemble) qui le façonnons. Ainsi notre environnement est autant extérieur qu’intérieur. 
 
C’est banal et prétentieux ce que je viens d’écrire, je suis d’accord avec vous. D’abord, je ne m’appuie sur aucune science, seulement sur un art, l’Art du Chi. Ensuite, je sais que les mots et les images ne sont pas justes puisqu’ils suscitent tellement de compréhensions et d’interprétations diverses. Mais, à partir de la pratique de l’Art du Chi, j’essaie avec les mots d’indiquer l’expérience physique d’une orientation. Un sens qui est plus profond, plus réel que celui des mots.
 
Avant de devenir une Voie, l’Art du Chi est d’abord une piste jalonnée des repères que sont les techniques.
 
Continuons avec la banalité et la prétention. Le corps se transforme tout le temps, le bébé devient adulte, l’adulte vieillit et meurt. Peu importe notre adhésion ou notre interprétation du projet dans la graine, et malgré tous les désirs et affirmations que nous y projetons sans doute, nous ne le connaissons pas, ce projet. Comment pourrait-il en être autrement ? Il faudrait pour cela avoir réalisé toutes les conditions pour que la graine se développe pleinement. Ce qui équivaudrait à devenir le projet, devenir la Vie, être la Vie. 
 
Or, nous ne sommes savants que dans le domaine de l’organisation de ce que nous avons nous-mêmes construit. Pas dans celle construite par la Vie. Prétendre être, allons donc !
 
C’est ici qu’interviennent les techniques de l’Art du Chi que Vlady nous a confiées. Ce sont elles qui peuvent nous guider pour permettre au projet, couche après couche, de transparaître. 
 
Ce que nous pourrions être se cache profondément en nous, « à l’intérieur, dedans ». Il nous faut le déterrer, le délivrer de tous les murs que nous avons construits et qui l’empêchent de se développer librement. Comme si nous avions passé notre vie à enfouir ce projet sous des couches sociales faites de conventions, de croyances et de toutes ces choses dont nous sommes tellement fiers. Ces choses qu’on appelle progrès, culture et civilisation. 
 
Nous avons tant de projets, tant d’idées, tant de croyances pour construire ce qui nous étouffe. Ainsi, tout comme les mots, tout est biaisé, notre réalité intérieure et tout ce qui l’entoure. Est-ce voulu ? Nos efforts inconscients sont-ils faits pour nous distraire de la graine, la cacher, l’oublier, la détruire même ? 
 
Est-ce qu’animaux et végétaux réussissent mieux que nous ? Je n’en sais rien, je ne peux que constater avec vous, le degré d’extermination de la vie que l’homme répand autour de lui.
 
Dissoudre, assouplir, faire fondre…
 
À la manière d’une relaxation ou d’une simple prise du Tantien par exemple (revoir : Une intro et le début d'un cours sur le Tronc intérieur), où nous faisons fondre nos perceptions habituelles, toutes ces strates de constructions et d’interprétations que nous avons construites et qui nous ont construits. Toutes ces couches doivent se ramollir, s’assouplir et couler vers le Tantien pour devenir une espèce de respiration nous permettant de mieux dissoudre nos illusions. 
 
Ainsi l’Art du Chi
 
Chaque technique est une « station », une étape où s’arrêter, observer, travailler. Un relais indispensable à traverser et à intégrer, car il ouvre la station suivante. Pas de raccourcis, aucun passe-droit. Des retours, oui. Encore et encore. Et aucune garantie de progrès, il y a même une certitude, celle de ne pas y arriver. On est trop lourd, trop encombré, trop protégé, trop petit. Et on s’illusionne pour un rien…
 
Ainsi l’Art du Chi
 
Pourtant, quels bienfaits, que de bonnes choses on côtoie ! Une droiture, une simplicité, une confiance, un abandon même… Et ce sentiment d’être connecté à ce qui nous entoure, ce calme qu’on atteint de plus en plus régulièrement. Et cette facilité qui nous tombe dessus…
 
Ainsi l’Art du Chi 
 
Lorsque les conditions sont favorables. Lorsque les conditions sont favorables… Et ce monde qui évolue dans un sens diamétralement opposé à l’Art du Chi. Et c’est nous qui le construisons...



(La photo qui illustre cet article est de Sergi Reboredo)

 



 

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